Photos : Instagram de Margot Dumont (@margotdumont10)

LMJ – En 2017, vous êtes recrutée par le club d’Issy-les-Moulineaux. Pourquoi avoir voulu intégrer un club de D2 et pourquoi celui-là en particulier ?
MD – En fait, c’était un retour pour moi dans ce club. J’y avais déjà évolué de 2012 à 2015, disputant notamment une saison en D1 à cette époque, avant notre descente en D2. J’avais ensuite rejoint le CA Paris, puis j’ai fait une année de break avant de revenir à Issy. J’ai vraiment bien accroché avec le coach et le groupe, j’avais envie de retenter l’aventure du haut niveau malgré un planning chargé avec beIN SPORTS. C’était rude, intense mais génial. J’étais très rarement à disposition du coach le week-end en raison de mon activité avec beIN (sur les terrains de L1) mais j’ai adoré les entraînements (4 par semaine) et notre parcours en Coupe de France.

LMJ – Comment décririez-vous le travail réalisé par votre ancien coach, Yacine Guesmia ? Est-il plutôt tourné vers l’attaque ou la défense ?
MD – Yacine est un coach très proche de ses joueuses dans le bon sens du terme. On peut parler de tout avec lui, on peut se chambrer, rire, mais il sait aussi être sérieux et nous remettre en place. Il est très apprécié des joueuses. Ses entraînements sont top, que du jeu avec ballon et des jeux très variés. Il est plutôt tourné vers l’attaque, je dirais, mais disons que sa priorité est d’avoir une équipe équilibrée et un état d’esprit.

LMJ – Vous avez pu faire quelques matchs en D2F avec Issy. Quelles sont les principales qualités qu’une équipe doit avoir pour y réussir ?
MD – Déjà, je trouve que la D2 a énormément progressé en très peu de temps. Elle a atteint un vrai bon niveau avec des joueuses de qualité qui ont souvent déjà connu la D1. C’est physique, oui, à notre niveau, et aucun match n’est facile. Les équipes sont bien organisées et les joueuses agressives (dans le bon sens du terme). Il y a quand même encore un vrai fossé avec la D1 mais ça progresse et l’écart se réduit.

LMJ – Quelles évolutions majeures faudrait-il apporter pour que le football féminin français avance rapidement et ne se fasse pas dépasser par l’Angleterre, l’Espagne et l’Italie qui semblent passer la vitesse supérieure ?
MD – Pour moi, tout est une question de moyens. Dans les pays que vous citez, la plupart des joueuses sont pro, c’est-à-dire payées par leur club à ne faire que ça. En France, même en D1 à l’heure actuelle, ce n’est pas le cas de toutes les joueuses. En D2, c’est encore pire. Tant qu’on n’aura pas entièrement professionnalisé ce sport en France, donc donné tous les moyens aux filles et aux clubs, on ne franchira pas ce cap comme en Angleterre actuellement. Il faudrait une ligue professionnelle à mon sens.

LMJ – Pour conclure, une question décalée : si le FC Nantes Féminin accède à l’élite et que Waldemar Kita vous recontacte pour vous recruter, accepteriez-vous ?
MD – Votre question me ramène cinq ans en arrière quand le président Kita m’avait appelée pour me proposer un contrat au FC Nantes lors de la création de l’équipe féminine. J’avais refusé sa proposition à l’époque car je ne me voyais pas lâcher mon job à beIN que j’adore. C’est frustrant car j’adore mon boulot et je me suis battue pour en arriver là, et à la fois j’adore jouer au foot par-dessus tout. Un vrai dilemme mais il faut aussi se faire une raison. Il faut bien que je gagne ma vie aussi… À l’heure actuelle, à part dans les grands clubs, ce n’est pas chose facile dans le football féminin.

Merci à Margot Dumont et Yacine Guesmia pour le temps qu’ils nous ont accordés.

Crédits photos : Instagram de Margot Dumont (@margotdumont10) et Yacine Guesmia (@yacine_guesmia)